On respire la mort, on la sent autour de soi qui nous enveloppe.
Depuis le 10 octobre, Émile et son régiment sont sur le front de Verdun et ses tranchées boueuses. Après quelques jours en première ligne, il vient d'être relevé...
Chers aimés,
Enfin j'en suis sorti, et ce n'est pas sans peine ! Relevés dans la nuit d'hier, nous sommes arrivés ce matin à un cantonnement, méconnaissables, blocs de boue à peine vivants, fourbus comme jamais nous ne l'avons été : heureux encore ceux qui en ont rapporté leur peau. Quel charnier !
On respire la mort, on la sent autour de soi qui nous enveloppe. Mes petits poilus ont été merveilleux d'endurance et de courage. Je suis fatigué, fatigué, sale ! Je vais m'étendre sur la bonne paille à totos.
A demain, je vous embrasse de tout cœur, Émile.
P.S. Par exemple, j'y ai tout laissé : imperméable, la belle musette, capote, etc. Juste revenu avec mon revolver et mon masque. Ah ! la guerre !!
Écouter la lettre du 17 octobre 1917