La vie de soldat, mon Dieu, jusqu'à présent, pas trop désagréable, une vie de flemme et d'appétit.
Émile Moureu arrive à Toulouse, où il est incorporé, comme soldat au 14e Régiment d'Infanterie de Ligne.
Toulouse, 6.
Bien chers parents,
Il est 7 heures du soir, je prends mon café dans Toulouse, une fort intéressante et originale ville d'ailleurs. Oui, déjà militaire des pieds à la tête, depuis la tête magnifiquement dénudée jusqu'aux pieds désespérément allongés. La vie de soldat, mon Dieu, jusqu'à présent, pas trop désagréable, une vie de flemme et d'appétit. Je suis déjà affecté à une compagnie, à la 27ème, où je cotoie des poilus de 40 ans. Nous sommes 4 élèves-officiers qui avons passé l'examen ensemble à Pau, et quand les "bleus" arriveront, nous serons déjà des anciens. Les Elissabarats ont été très heureux de me voir, nous avons longuement causé de tout et de tous. A Sauveterre, quoi de nouveau ? Répondez-moi vite, et si vous recevez des lettres pour moi, envoyez-les à l'adresse ci-dessous.
Votre fils et frère qui vous aime, Emile.
Soldat E. Moureu, 27e Compagnie, 14e de Ligne, Toulouse.
Écouter la lettre du 6 avril 1915