Une avalanche de lettres comme autant de caresses, ...
Depuis le 10 octobre, Émile et son régiment sont sur le front de Verdun et ses tranchées boueuses, alternant périodes en première ligne et en réserve.
Chers aimés,
Une avalanche de lettres comme autant de caresses, tombe sur moi ! Maman, sœurette, papa, mon aîné, tous, et tous mon cœur vous remercie. Et aussi un colis ! Un délicieux morceau de jambon, que j'ai fait griller au bout d'un fil de fer à un petit feu de bois : c'était incommensurable de bonté ! Un beurre et une confiture qui intimement mélangés sur un peu de pain grillé valent les délices du paradis de Mahomet ! Appelle-moi matérialiste, sœurette, mais c'est là, vois-tu, notre seule jouissance, quand il y a du brouillard et qu'on ne peut allumer du feu.
Je vous renvoie la lettre de Pierre, que j'ai peur de perdre, et qui doit être gardée comme un trésor fait de tendresse. Pauvre cher grand : Il s'oublie pour moi !
Chers aimés, je vous serre sur mon cœur,
Émile.
[Au dos : d'une autre écriture :] ...confit un peu plus tard. Je voudrais bien que tu reçoives le tout. Pour combien de jours serez-vous là ? Je t'envoie aussi une lettre de Pierre : elle est est pour toi. Adieu, ami, fils chéri, je prie, je t'aime, je t'embrasse très fort pour papa et pour moi. Ta maman A.M.
Écouter la lettre du 1er novembre 1917