Les Boches sont vraiment avares du peu de bonheur qui pourrait leur être accordé.
Depuis le début du mois de mars 1917, Émile a rejoint l'École Spéciale militaire de Saint-Cyr où il suit une formation d'officier aspirant.
Saint-Cyr, le 29 juin 1917.
Chers aimés,
une longue lettre d'Anna avec beaucoup de détails, aujourd'hui la bonne missive de mère : je suis gâté et je vous en remercie.
J'ai reçu aussi deux cartes d'Henri, expédiées pendant son voyage vers Dunkerque ; l'une représentait une rue de Tricot dans l'Oise : c'est là que j'ai débarqué la première fois que je suis monté en ligne.
Les examens commencent lundi, donc nous voilà dans une période de travail, mais la température est délicieuse, et je me sens bien moins fatigué.
Rien pour l'instant qui vienne détruire mes prévisions : je crois bien que les dates données seront à peu près exactes. Pas d'autres nouvelles de Pierre depuis la carte : Tanpis ! Les Boches sont vraiment avares du peu de bonheur qui pourrait leur être accordé.
Ah ! Papa se lance : un voyage à Bordeaux. Il y a déjà longtemps qu'il n'y était pas allé : çà lui fera du bien. Je suis très fier, certes, de la bonne impression laissée à Jane Elissabarats : ne crains rien, sœurette, j'use des bonnes choses mais n'en abuse point. Je crois que Clément est en permission depuis hier ou aujourd'hui. J'irai voir dimanche. Merci pour le mandat !
Adieu, chers aimés, recevez mes meilleurs baisers, Émile.
Écouter la lettre du 29 juin 1917