En ce moment, je suis sous la tente : notre bataillon est pour l'instant en réserve, et nous attendons notre tour.
Le 16 août 1916 Émile rejoignait à Albert, à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Amiens, le 133e Régiment d'Infanterie de l'Est, très durement éprouvé dans les combats du Bois de Hem et auquel il était désormais affecté. Le 21 août, il écrivait à sa mère : "nous montons" ! C'est pour Émile le baptême du feu ; jusqu'ici en effet, même s'il était déjà monté au front, ce n'était pas en première ligne ou alors avant ou après les combats engagés.
22 août 1916.
Mon cher papa,
Tant que je le pourrai, je vous enverrai quelques lignes pour vous rassurer. En ce moment, je suis sous la tente : notre bataillon est pour l'instant en réserve, et nous attendons notre tour. Le spectacle est pittoresque : un bas-fond, choisi parce que mieux protégé contre les obus, où tout s'entasse pêle-mêle, infanterie, mitrailleurs, artilleurs, Français et Anglais, tout ! Un village africain envahi par un monde cosmopolite muni de gigantesques tam-tam. La chahut ne nous empêche d'ailleurs pas de dormir, en attendant l'heure du "Déquillage".
Avez-vous reçu d'autres nouvelles de Pierre ? Depuis que je suis parti du 14, je n'ai reçu aucune lettre. Vivement qu'elles arrivent, ces chères ménagères !
Je vous embrasse tous de tout cœur, sans oublier Jane.
Émile.
Écouter la lettre du 22 août 1916