... j'ai posé mes lèvres sur ta chère écriture.
Depuis le 12 août, Emile a rejoint les troupes de son régiment, le 23e d'Infanterie, cantonnées sur le front de Champagne.
Aux Armées, le 22 août 1917.
Ma chère maman,
Je viens de recevoir ta chère lettre du 17 : c'est la première depuis mon arrivée au front, et j'ai posé mes lèvres sur ta chère écriture.
Comme je vous vois, tous trois, dans la grande maison, toi, papa et sœurette, travaillant et pensant souvent aux absents. Pierre n'a pas écrit : je voudrais que mes lettres plus nombreuses vous donnent l'illusion de quelques-unes des siennes.
Anna va bientôt revivre sa lune de miel : je lui souhaite plus douce que le miel de l'Hymette ! Je voudrais bien me trouver à la réunion, et me chauffer à leur bonheur comme à un grand feu. Je ferai tout pour avoir ma permission, mais n'y comptons pas trop.
Aujourd'hui, grand soleil qui éblouit à faire mal aux yeux. Assez calme après une alerte aux gaz dans la nuit d'hier. J'ai reçu une lettre charmante de Fly, je vais lui répondre un de ces jours. Les chaleurs ne t'accablent-elles pas trop, mère chérie ? La nuit, nous avons un feu d'artifice effrayant de lueurs, quoique lointain : le feu d'artifice de Verdun ! Je plains ceux qui y sont !
Chers aimés, je vous embrasse très fort, Émile.
Écouter la lettre du 22 août 1917