Nous avons parlé de Tarbes, de Sauveterre, d'Anna aussi, et de la prochaine noce.
Depuis le début du mois de mars 1917, Émile a rejoint l'École Spéciale militaire de Saint-Cyr où il suit une formation d'officier aspirant.
Lundi, 21.
Chère maman,
J'ai reçu samedi dernier ta lettre si tendre, ainsi que la lettre de Pierre. Je l'ai lue et relue, sa lettre, essayant de deviner son état physique et moral. C'est plutôt difficile : cependant j'ai vu avec plaisir que malgré les trois années d'abrutissement intense, il se souvient de l'Ode d'Horace à la Paix... C'est assez rassurant pour son état d'esprit.
Hier j'ai déjeuné chez Jane : un très bon repas (ce qui n'est pas négligeable !) et quelques intéressants retours sur le passé. Nous avons parlé de Tarbes, de Sauveterre, d'Anna aussi, et de la prochaine noce. Jeanne m'a dit qu'elle irait prier Notre-Dame des Victoires à son intention.
De plus en plus, il se confirme que les examens commenceront fin juin. Il se pourrait que nous ne partions de Saint-Cyr que vers le 20 juillet, pour que nous puissions défiler à Paris, le 14.
Avez-vous eu des nouvelles d'Henri ? Dimanche prochain, nos avons 48 heures : aussi je te demanderai de m'avancer le mandat de quelques jours : j'ai peur de me trouver à court. Envoie-le donc aussitôt après réception de ma lettre, pour que je l'ai à temps.
Adieu chers aimés, je vous embrasse de tout cœur, Émile.
.
Écouter la lettre du 21 mai 1917