Vous avez dû recevoir la lettre où je parlais de ma venue assez prochaine : mon arrivée sera probablement retardée ...
Incorporé au 133e Régiment d'Infanterie de l'Est, Émile est sur le front de la Somme près de Péronne depuis le 21 août quand il est victime d'une légère blessure à la tête causée par un éclat d'obus, lors d'un assaut donné dans la nuit du 11 au 12 septembre 1916 à Bouchavesnes-Bergen (Somme). Il est évacué du front et envoyé en soins et convalescence le 15 septembre à l'hôpital militaire de Chartres, rue de Bonnard.
1er octobre
Chers aimés,
J'ai reçu hier la bonne lettre de maman du 28 avec les deux lettres de Pierre et toutes m'apportent de la tendresse à flots. Je suis très heureux que Perreuilh ait écrit, ses parents et nous tous sommes maintenant rassurés sur son sort.
Vous avez dû recevoir la lettre où je parlais de ma venue assez prochaine : mon arrivée sera probablement retardée de quelques jours, le major et moi-même croyons en effet qu'un petit éclat est resté dans le cou, sous le menton, très superficiel d'ailleurs, mais qui suffit à empêcher la guérison de la petite plaie. Aussi, lundi, j'irai à la radiographie, et, s'il y est, après avoir déterminé l'emplacement exact, on l'extraira. Tout cela prendra quelques jours de plus.
J'ai lu et relu ces chères lettres de Pierre, où l'on sent la lassitude, malgré tous les efforts. C'est si long, et c'est bien loin d'être fini ! Je renvoie une de ses lettres, je renverrai l'autre la prochaine fois pour ne pas surcharger. Le soleil est bien pâle, encore ce matin, mais on dirait que vers midi, il nous réchauffera de ses plus chauds rayons. Quoi de nouveau, là-bas ? Les soldats écrivent-ils ? Si vous voyez Carrive, donnez-lui mon bonjour, car là-haut, nous avons été de bons camarades.
Adieu, chers aimés, recevez tous mes bons baisers,
Émile.
Écouter la lettre du 01 octobre 1916