... vous pouvez compter que j'aurai ma permission du 22 au 31 juillet.
Depuis le début du mois de mars 1917, Émile a rejoint l'École Spéciale militaire de Saint-Cyr où il suit une formation d'officier aspirant.
Mercredi, 30.
Chère maman,
j'ai retardé ma réponse pour permettre au mandat d'arriver. Par suite d'un retard inexpliquable, il n'est arrivé qu'aujourd'hui. Je m'étais d'ailleurs arrangé.
Ta lettre et celle d'Anna sont venues chasser le vilain cafard qui suit le retour de toute permission : Pierre a écrit, Henri également, la méchante migraine a passé un peu : c'est parfait !
Je suis persuadé - autant que nous pouvons l'être - que nous partirons d'ici du 16 au 20 juillet. Par conséquent, vous pouvez compter que j'aurai ma permission du 22 au 31 juillet. Voilà toutes les précisions que je puis donner pour l'instant. Mais vous pouvez vous appuyer sur cette date, sûre à 2 ou 3 jours près.
Paris est assez mouvementé : on sent une agitation un peu inquiétante dans la foule : tout est hors de prix, tout augmente, et personne ne veut diminuer ni son train de vie, ni son luxe. Alors ? Et là-bas tout doit être bien calme. Comme je revois notre joli petit coin, dans sa torpeur de petite ville trop vide ! Sœurette, tu présenteras mes amitiés respectueuses à M. Momas.
Adieu, chers aimés, je vous embrasse tendrement, Émile.
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Écouter la lettre du 30 mai 1917