je ne suis redescendu qu'avec onze hommes : les autres sont tués, blessés ou intoxiqués par les gaz, ...
Depuis le 10 octobre, Émile et son régiment sont sur le front de Verdun et ses tranchées boueuses, alternant périodes en première ligne et en réserve.
Chers aimés,
Enfin relevés ! Quoique encore en réserve, nous sommes déjà mieux, dans des cagnas à peu près sèches, et nous pouvons manger de la soupe chaude. Ce bien-être, très relatif pourtant, nous paraît délicieux après les privations de là-haut, et j'ai rarement trouvé un meilleur lit que la paille un peu noire de notre trou.
Malheureusement, ma bonne petite section a trop fondu : je ne suis redescendu qu'avec onze hommes : les autres sont tués, blessés ou intoxiqués par les gaz, peu de tués, cependant. Qu'allons-nous faire dans quelques jours ? Peut-être descendre au repos, peut-être remonter après avoir reçu des renforts : nous ne savons pas encore, je vous tiendrai au courant. Avez-vous des nouvelles de Pierre et d'Henri ? Parlez-moi beaucoup d'eux et beaucoup de vous.
Je vous embrasse de tout cœur, Émile.
Écouter la lettre du 8 novembre 1917