Et puis, lundi, nous partons. Où ? Du côté de Brie-Comte-Robert, dans la direction de Melun.
Depuis le 10 avril, Emile Moureu est à Joinville-le-Pont, élève-aspirant à l'École d'Instruction Militaire des officiers. Ses lettres à sa soeur et à ses parents font le récit de son quotidien militaire et, lors des moments de loisir et de temps libre, de ses visites à Paris et ses environs.
Samedi, 31.
Cher papa, chère maman,
Je viens de recevoir la lettre d'Anna et de maman, et en même temps mandat et colis. Je vous remercie beaucoup, je suis toujours l'enfant gâté.
Demain, j'ai l'intention d'aller voir tante Jeanne.
Et puis, lundi, nous partons. Où ? Du côté de Brie-Comte-Robert, dans la direction de Melun. Peut-être reviendrons nous au camp au bout de deux jours, pour nous reposer un jour, et repartir ensuite. Nous ne sommes pas fixés. Ce qu'il y a de certain, c'est que ce sera dur, et que je ne canerai pas. Je suis d'ailleurs très dispos, à mon ordinaire (Magre, més tillut !).
Je suis très content que Pierre soit remis, et qu'il puisse écrire un peu. Parlez-lui beaucoup de moi.
J'ai répondu à Ferdinand, il y a une huitaine de jours environ.
Ma chère maman, ne compte pas trop sur mon arrivée si prochaine à la maison. D'abord, on a tiré au sort pour savoir les compagnies à passer en tête. La 1ère compagnie vient la troisième des cinq. Nous passerons donc sans doute du 20 au 24. Ensuite, il nous a été dit qu'on aurait une permission et qu'on irait passer 3 semaines soit dans un centre de mitrailleuses, soit au dépôt, si reçus ! Mais on ne sait si la permission viendra avant ou après, peut-être après ! Je ne compte pas être reçu aspirant, mais je compte un peu sortir sergent, ce qui me satisfairait complètement. Enfin, on ne nous dit les choses qu'à moitié, mais... tout vient à point à qui...
Je vais me coucher en rêvant de ma venue prochaine dans mes belles Pyrénées.
Je vous embrasse et vous aime, Emile.
Écouter la lettre du 31 juillet 1915