Vous voyez que le moral est bon, et le physique pas mauvais !
Depuis le 10 octobre, Émile et son régiment sont sur le front de Verdun et ses tranchées boueuses, alternant périodes en première ligne et en réserve.
Chers aimés,
Vous voyez, quoiqu'en ligne, j'ai réussi à me faire porter du papier à lettre, et j'ai un tout petit trou où, courbé je puis écrire.
Toujours du temps gris, du brouillard qui se fond en pluie fine et pénétrante : temps triste, mais favorable aux travaux, parce qu'on est moins vu. J'espère que nous serons relevés dans 3 ou 4 jours, et que nous irons pour huit jours au repos. Quel bonheur, et comme on va en profiter !
Vous voyez que le moral est bon, et le physique pas mauvais ! Affreusement sale par exemple : on ne s'est changé ni lavé depuis 12 jours bientôt, et les ... animalcules nous dévorent. C'est la guerre ! Maman, tu pourras m'envoyer le mandat du mois, il me servira au repos.
Chers aimés, je vous embrasse, Émile.
Écouter la lettre du 3 novembre 1917