On parle de Chambors. Ce serait trop beau, si beau que je n'ose y croire, ...
Depuis le 5 juin 1916, le régiment d'Émile est positionné dans la Somme, sur la ligne de front, face aux tranchées allemandes. L'heure n'est pas aux combats, mais aux travaux de tranchées.
14 juin.
Chère maman,
Je viens de recevoir à l'instant ta lettre du 8, ta chère lettre de pauvre mère de soldats, lettre trop alarmée à mon sujet du moins, je te l'affirme.
Nous sommes, je ne puis pas dire bien, ce ne serait pas vrai, mais presque bien, sans grands dangers, et d'ailleurs, le bruit se confirme de plus en plus, nous irons au repos dimanche ou lundi. Où ? On parle de Chambors. Ce serait trop beau, si beau que je n'ose y croire, en tout cas à l'arrière, et le plus bel espoir c'est que les permissions s'y déclencheront à nouveau probablement.
Nous sommes venus ici certainement pour des préparatifs, pour des travaux d'approche, mais pour le coup de torchon qui se prépare, surtout, nous bataillon constitué uniquement d'éléments jeunes on nous réserve pour d'autres jours, proches peut-être. J'ai trouvé ici le petit Chièze, le caporal de la Classe 15. Il est venu me voir, nous avons causé longtemps. Sans le savoir, nous travaillions à côté l'un de l'autre.
Pauvre maman ! Il est bien triste de ne pas avoir depuis si longtemps des nouvelles de notre cher Pierre, mais il y a tant de raisons pour qu'il ne puisse pas écrire, qu'il est inutile d'aller en chercher d'autres qui n'existent pas.
Du courage, beaucoup de courage ! Pour toi et pour tous, reçois ma grande tendresse, Émile.
Écouter la lettre du 14 juin 1916