Merci de tout ce que vous faites pour nous. Après la guerre, nous espérons pouvoir vous soulager un peu.
Depuis le 10 avril, Emile Moureu est à Joinville-le-Pont, élève-aspirant à l'École d'Instruction Militaire des officiers. Ses lettres à sa soeur et à ses parents font le récit de son quotidien militaire et, lors des moments de loisir et de temps libre, de ses visites à Paris et ses environs.
Lundi, 27.
Chère maman,
Je viens de recevoir ta lettre : elle a un peu de retard, parce qu'au lieu de mettre la 1ère Cie, tu as mis 4eme. Mais elle est arrivée tout de même à bon port, avec son contenu. Merci de tout ce que vous faites pour nous. Après la guerre, nous espérons pouvoir vous soulager un peu. Pour le moment, notre traitement est plutôt minime, mais au retour de la Bochie, Oh ! Là, là ! Ils paieront les pots cassés, les Boches ! J'ai reçu une lettre d'Anna, expédiée d'Artix. Tant mieux qu'elle se promène un peu ; ça va la changer d'air, et la distraire des tristesses actuelles.
Hier, dimanche, j'ai passé une excellente journée chez Tante : j'ai fait un déjeuner superbe, nous avons causé longuement. Il y avait pourtant quelque chose : elle venait de recevoir une carte de Clément, lui disant qu'il venait d'être expédié sur le front. Heureusement qu'il est artilleur ! Moi, je me porte comme un charme, presque pas fatigué depuis quelques jours, quoique ça barde ! Dans votre prochaine lettre à Pierre, donnez-lui ma meilleure affection de frère.
Pour vous tous (Anna sera peut-être rentrée) mes meilleurs baisers en attendant le revoir.
Votre fils et frère dévoué, Émile.
Écouter la lettre du 27 juin 1915