Ça fait mal au cœur. Il n'y a pas que le côté héroïque dans notre guerre, ...
Le 16 août 1916 Émile rejoignait à Albert, à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Amiens, le 133e Régiment d'Infanterie de l'Est, très durement éprouvé dans les combats du Bois de Hem et auquel il était désormais affecté. Le 21 août, il écrivait à sa mère : "nous montons" ! C'est pour Émile le baptême du feu ; jusqu'ici en effet, même s'il était déjà monté au front, ce n'était pas en première ligne ou alors avant ou après les combats.
30 août, 8 h du matin.
Ma chère maman,
Hier au soir et cette nuit, orage terrible. N[ous] avons de l'eau au moins jusqu'aux genoux, des blocs de boue, quoi ! Heureusement, pas trop marmités. Nos camarades du 1er bataillon, en plus de la flotte sont affreusement bombardés. J'ai vu un de mes bons camarades, serg[ent] cl[asse] 16, venu avec moi, salement touché à la tête par des éclats. Ça fait mal au cœur. Il n'y a pas que le côté héroïque dans notre guerre, il y a le côté boueux, quand à chaque pas tu enfonces jusqu'à mi-cuisse dans les boyaux, et qu'il faut retirer les jambes comme des carottes de cette glaise collante de la Somme. N[ous] attendons la "gnole", ça pétrolera un peu notre lampe. Si notre volonté ne suffisait pas à nous forcer de rire de tout ça, il faudrait trop pleurer.
Alors, rions et faisons un cigarette !
Mille baisers,
Émile.
Écouter la lettre du 30 août 1916