Je vous écrirai plus longuement.
Émile n'a plus adressé de lettres depuis le 9 décembre 1917, date à partir de laquelle il se trouvait avec son régiment au repos loin du front de Verdun, aux environs de Wassy et Joinville-en-Vallage, sur la rive Ouest de la Marne, au sud de Saint-Dizier, puis en permission à Sauveterre-de-Béarn, pour une douzaine de jours
Le 1er janvier, de retour d'une douzaine de jours de permission à Sauveterre-de-Béarn, Bordeaux et Paris, il rejoint son régiment stationné en Lorraine, dans le « pays de Jeanne la Pucelle », dans les villages de Einville, Valhey, Serres, Maixe et Bauzemont, en Meurthe-et-Moselle (près d'Hénaménil et de l'étang de Parroy, au nord de Lunéville et à l'est de Nancy). Les premiers jours, le retour aux armées est moralement pénible, la parenthèse des heures de bonheur en permission difficile à refermer. La dureté de l'hiver lorrain et les longues journées d'attente désoeuvrée entretiennent malgré lui Emile Moureu dans une humeur lourde et cafardeuse.
Chers aimés,
Me voici rendu dans un pays beau et agréable malgré le froid et la neige ; pays de "Jeanne La Pucelle", assez calme en somme et très différent de l'autre où nous étions. Je vous écrirai plus longuement.
Tous mes bons baisers,
Émile.