... les évènements retardent ma permission, peut-être jusqu'à fin avril.
Au mois de mars 1918, le 23e RI est toujours stationné dans les environs du village de Bauzemont, près d'Hénaménil (nord-est de la Meurthe-et-Moselle), au nord de Lunéville et à l'est de Nancy, près de l'étang de Parroy. Les premières lignes sont situées aux environs du village de Bures ; les lignes allemandes vers Parroy, à l'est de l'étang, et Réchicourt-la-Petite, plus au nord. C'est dans cet environnement qu'Emile reçoit enfin les galons de sous-lieutenant auxquels il était promis depuis le début de l'année, suite à sa formation à Saint-Cyr-l'Ecole en 1917.
Chers aimés,
Je viens de recevoir la bonne lettre de maman et une gentille missive d'Annette et Henri : une gerbe immense de félicitations par conséquent. De son côté, Henri s' annonce son succès : j'en suis très heureux pour lui, pour Annette et pour nous tous. La chance nous favorise : elle continuera, j'en suis sûr. Ici, un peu de pluie excellent d'ailleurs pour rafraîchir l'atmosphère parfois chaude.
Cependant, ne prenez pas les communiqués à la lettre, et ce qui parfois paraît formidable de loin, de près est assez ordinaire. Simple question d'habitude.
Je commence à craindre fort de ne pas rencontrer Henri là-bas : les évènements retardent ma permission, peut-être jusqu'à fin avril.
Chers aîmés, à bientôt cependant. Je vous embrasse de tout mon cœur,
Émile
Et Pierre ?