Avons-nous eu beaucoup de blé, le regain est-il fait, et la vigne ? Donnez-moi des détails sur tout ça, ...
Le 16 août 1916 Émile rejoignait à Albert, à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Amiens, le 133e Régiment d'Infanterie de l'Est, très durement éprouvé dans les combats du Bois de Hem et auquel il était désormais affecté. Le 21 août, il écrivait à sa mère : "nous montons" ! C'est pour Émile le baptême du feu ; jusqu'ici en effet, même s'il était déjà monté au front, ce n'était pas en première ligne ou alors avant ou après les combats engagés. Enfin, le 3 septembre, après 13 jours dans les tranchées de Cléry-sur-Somme (près de Péronne), il écrit : "nous allons au repos, enfin relevés !". Il passe quelques jours de répit au Hamel, quelques kilomètres au sud du front, près de Corbie et Amiens avant de remonter sur le champ de bataille.
10 sept 1916.
Mon cher papa,
J'ai reçu hier la lettre d'Anna du 5, m'annonçant une lettre de maman contenant une carte de Pierre : il me tarde de la recevoir.
Par ici, il fait un très beau temps, seules les nuits sont un peu froides. C'est plus sain dans un champ de bataille. Avons-nous eu beaucoup de blé, le regain est-il fait, et la vigne ? Donnez-moi des détails sur tout ça, tout m'intéresse. Adrien est-il reparti ? A-t-on des nouvelles de tous les soldats ?
Adieu, cher papa, chère maman, sœurette, mes bons baisers à tous,
Émile.
Écouter la lettre du 10 septembre 1916