Aujourd'hui, nous sortirons probablement, mais à Joinville seulement, ce n'est pas tous les jours fête.
Depuis le 10 avril, Emile Moureu est à Joinville-le-Pont, élève-aspirant à l'École d'Instruction Militaire des officiers. Ses lettres à sa soeur et à ses parents font le récit de son quotidien militaire et, lors des moments de loisir et de temps libre, de ses visites à Paris et ses environs.
Chère soeurette,
C'est le matin, au lever, que j'écris cette lettre. J'ai reçu la lettre de maman, j'ai reçu ta lettre. Merci à toutes deux, merci pour le mandat, merci pour toutes les gâteries envoyées dans le colis. J'ai goûté un peu à tout, et tout est excellent. Avez-vous reçu des lettres de Pierre, qui se font cette fois attendre trop ? Ici, pas de grands changements, si ce n'est que nous sommes définitivement débarrassés des piqûres. Ce n'est pas trop tôt. J'ai été bien un peu souffrant ; mais je savais que c'était la dernière fois et ça suffisait à me guérir. De plus, l'entraînement devient de plus en plus intense. Cà se comprend, nous voilà au 1er juin, et 2 mois à peine avant la fin du peloton. D'ailleurs, le travail devient de plus en plus intéressant. Aujourd'hui, nous sortirons probablement, mais à Joinville seulement, ce n'est pas tous les jours fête.
Je te quitte, soeurette, en vous embrassant toi, papa, maman, mille et mille fois. Emile.
Écouter la lettre du 30 mai 1915