C'est la guerre !
Depuis le début du mois de mars 1917, Emile a rejoint l'Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr où il suit une formation d'officier aspirant.
Saint-Cyr, le 30 avril 1917.
Sœurette,
Tes instructions ont été suivies à la lettre ; tu dois avoir déjà reçu le télégramme. Donc, après un long voyage en métro du côté de Vincennes j'arrive à la rue Pinel ; je m'adresse au bureau : je n'y ai rien appris du tout, on m'a simplement dit de m'adresser à Arnouville-lès-Gonesse. De là, je suis remonté vers l'Étoile et la rue de la Pompe. J'ai vu M. et Madame Didier, très braves gens en effet, qui m'ont invité à déjeûner (ce que, du reste, je n'ai pas accepté, ayant un rendez-vous, ailleurs). Par conséquent, à mon grand regret, je ne puis rien t'apprendre sur Henri. J'espère que tu en as déjà reçu des nouvelles.
Il fait un temps splendide et j'en jouirais volontiers dans l'immobilité la plus absolue, mais...! Bruits qui courent à Paris : échec complet de l'offensive – Mangin débarqué – Nivelle, presque, par l'introduction du général Pétain au Comité de Guerre.
Donc, tout va très bien, on ne cesse de le chanter sur tous les tons à toutes les revues. Et pendant ce temps, les camarades tombent. Autre chose : il paraîtrait que notre artillerie a fait du très beau travail mais elle s'est légèrement trompé d'objectif : elle a tapé sur les Français. C'est la guerre !
Adieu chers aimés, je vous embrasse, Émile.
J'enverrai bientôt une lettre pour Pierre.
Écouter la lettre du 30 avril 1917