... j'ai posé mes lèvres sur ta chère écriture.
Depuis le 12 août, Emile a rejoint les troupes de son régiment, le 23e d'Infanterie, cantonnées sur le front de Champagne.
26 août.
Sœurette,
Je ne crois pas t'avoir remercié pour ta gentille lettre pleine de choses flatteuses. Causons un instant, j'ai le temps, et ça ne te déplaira pas. Je mène toujours la même vie un peu médiocre, entre terre et ciel : les quelques poilus qui vivent dans ces pays désolés sont blancs de la blancheur de la craie et font partie du paysage.
J'ai reçu aujourd'hui une carte d'Henri, il ne parle pas de sa prochaine permission. J'espère, moi aussi, avoir une permission dans le courant de septembre : nous en recauserons. C'est si peu sûr pour nous, fantassins !
Avez-vous reçu enfin quelques lignes de Pierre ? Je le voudrais tant et pour vous et pour moi ! Donne-moi des détails sur Henri, sur toi, sur Sauveterre.
Je t'embrasse, sœurette, de tout cœur, Émile.
Écouter la lettre du 26 août 1917