Les soldats cultivateurs vont partir en permission de 15 jours, et je regrette bien un peu en ce moment de n'être pas cultivateur.
Depuis le 20 septembre, le sergent Émile Moureu est cantonné à Grenade-sur-Garonne, avec l'ensemble des conscrits de la Classe 1916 affectés au 14e d'Infanterie de Ligne. Il y découvre la vie en garnison rythmée par les exercices militaires et de combat, dans l'attente impatiente autant qu'inquiète de l'annonce d'un prochain départ pour le front.
Chers parents,
Je ne sais si vous avez reçu ma carte. En tout cas, je tiens ma promesse, j'écris.
La vie, comme je vous le disais, a repris son cours, tranquille et calme. Les soldats cultivateurs vont partir en permission de 15 jours, et je regrette bien un peu en ce moment de n'être pas cultivateur.
A Sauveterre, quoi de nouveau ? Pierre a-t-il écrit ? Papa est-il guéri de sa sciatique ? Vous deux, maman et soeurette, êtes-vous bien ? Ecrivez-moi, parlez-moi longuement de tout et de tous.
Il est 8h et demi du soir, je vais regagner sagement le dodo, - qui est loin de valoir mon bon, si bon dodo de là-bas - J'écrirais aussi à Bordeaux.
Adieu, cher papa, chère maman, soeurette, je vous embrasse comme je vous aime.
Émile.
Écouter la lettre du 4 octobre 1915