Quand donc nous réunirons-nous tous au grand foyer ?
Depuis le début du mois de mars 1917, Emile a rejoint l'Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr où il suit une formation d'officier aspirant.
Saint-Cyr, le 21 mars 1917.
Cher papa,
C'est le premier jour de printemps, et ici il est affreux. Un vent froid qui me rappelle le vent d'Alsace, et des giboulées de neige qui vous frigorifient la face...
J'ai reçu à l'instant même la lettre de maman datée du 18. Je comprends très bien que, sans sœurette, la grande maison vous paraisse encore plus vide. Quand donc nous réunirons-nous tous au grand foyer ? Pas encore de longtemps à mon avis : après cette étape en avant dans un véritable désert, la guerre va s'immobiliser encore, les Boches s'enterreront à nouveau dans leur seconde ligne fortifiée, et il faudra sans doute rééditer la sanglante bataille de la Somme.
Espérons cependant que la fin de l'année nous apportera la paix. Maintenant, Anna doit être revenue. J'attends par conséquent de longs détails sur son voyage, la lettre de Pierre.
J'ai répondu immédiatement à Mlle Navaillès, aussi gentiment que je l'ai pu. J'ai eu également la carte d'Artix. Cette semaine j'ai reçu, chère maman, lettres et mandat, rassure-toi. Ma permission normale de détente ne me sera pas accordée à St Cyr. Nous aurons à la fin du cours, vers fin juin ou début de juillet, une permission de huit jours. Malgré le mauvais temps, il faut repartir à l'exercice : gymnastique, tir au revolver, et manœuvre. Quoique fatigant, le travail est assez intéressant.
Adieu chers aimés, recevez mes bons baisers,
Émile.
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Écouter la lettre du 21 mars 1917