Et là-bas, dans ce bon vieux et cher midi, dans mon délicieux coin perdu du Béarn, que se passe-t-il ?
Depuis le début du mois de mars 1917, Emile a rejoint l'Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr où il suit une formation d'officier aspirant.
Mercredi, 25.
Ma chère maman,
On est tellement occupé qu'on ne trouve pas le temps d'écrire. Enfin, j'ai quelques instants à moi, et j'en profite. Avant-hier, tranchées d'exercice avec lancement de grenades (on nous entraîne !) ; hier, marche 30 km dans la boue ; ce matin enfin, on a un peu de repos.
Malgré cela, je me porte très bien, et mes nuits sur la paille valent bien des nuits sur un moelleux plumard.
J'ai reçu hier la lettre d'Anna, et elle me dit que vous n'avez pas reçu la carte hebdomadaire de Pierre. L'avez-vous reçu depuis ?
Et là-bas, dans ce bon vieux et cher midi, dans mon délicieux coin perdu du Béarn, que se passe-t-il ? Etes-vous bien tous ? N'es-tu pas trop fatiguée, chère maman, papa et toi, n'avez-vous pas trop de rhumatismes ? Et sœurette, est-elle toujours gaie, elle qui entretient la gaieté dans notre cher foyer ? Parlez-moi de tout ça, parlez-moi de tout, ça me fait tant de plaisir.
Je te quitte, chère maman, je vous quitte tous en vous embrassant de tout cœur, Émile.
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Écouter la lettre du 25 avril 1917