Anna sera unie à un charmant mari qui lui donnera du bonheur, moi je suis à l'abri, ...
Depuis le début du mois de mars 1917, Émile a rejoint l'École Spéciale militaire de Saint-Cyr où il suit une formation d'officier aspirant.
Saint-Cyr, le 9 juin 1917.
Chers aimés,
Je viens de recevoir la chère lettre de mère, mère toujours si tendre, toujours si énergique, mais que, malgré ça, je sens lasse, si lasse ! Voyons, il faut prendre un parti : c'est assez traîner jusqu'à ce jour. Pour l'instant, tout va bien : Pierre sera rapatrié dans quelques temps, Anna sera unie à un charmant mari qui lui donnera du bonheur, moi je suis à l'abri, et même, quand je n'y serai pas, je m'en tirerai encore. Donc, repos moral prescrit par le jeune, le très jeune Docteur que je suis. Et, de plus, repos physique.
Chère maman, repose-toi, aie l'énergie (car il te faut de l'énergie) d'arrêter un peu ta vie trop active. A ton âge, c'est absolument nécessaire. Je demande à papa et à Anna d'y veiller. Si, à mon arrivée là-bas, je ne te trouve pas bien, j'ordonnerai le grand repos. Et comme on m'apprend à commander à St Cyr ...! Je viens également d'écrire à Henri. Demain, j'irai probablement chez tante, tout au moins le matin, à moins que je ne reste à Versailles.
Adieu chers aimés, je vous embrasse de tout cœur, Émile.
P.S. J'ai reçu le mandat, merci. Quant aux bruits de paix, dont me parle maman, je ne comprends pas : au contraire, le tam-tam de Ribot nous promet encore au moins un agréable hiver à la campagne. Baisers, Émile.
Le mariage se fera-t-il à Pau ou à Sauveterre ? Des détails, s.v.p.
Écouter la lettre du 09 juin 1917