... on se cuirasse peu à peu au moral comme au physique.
Depuis le début du mois de mars 1917, Émile a rejoint l'École Spéciale militaire de Saint-Cyr où il suit une formation d'officier aspirant.
Saint-Cyr, le 4 juillet 1917
Sœurette,
2 heures de l'après-midi : j'ai beaucoup à faire, mais le temps est plutôt lourd d'orage, et je somnole vaguement sur mon banc d'étude en face de mon cours de topographie. Comme dérivatif, je songe à t'écrire quelques lignes, à répondre à ta charmante lettre du 1er, où tu m'apparais déjà toute blanche dans ta belle robe de vierge. Peut-être seras-tu à Pau quand ma lettre arrivera : si tu n'y es pas encore parti, je te prie de transmettre mes meilleurs souvenirs à toute notre nouvelle famille.
J'ai écrit dernièrement à Henri pour le remercier de son choix. Maman m'a-t-elle envoyé la lettre de Pierre ? Je l'attends impatiemment.
Cette période d'examens ne m'énerve nullement : c'est bizarre. Je prends ça avec une philosophie singulière : on se cuirasse peu à peu au moral comme au physique.
A bientôt, chers aimés, recevez mes meilleurs baisers, Émile.
Écouter la lettre du 04 juillet 1917