On parle d'émeutes assez importantes à Berlin. Si cela était bien vrai !
Depuis le début du mois de mars 1917, Emile a rejoint l'Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr où il suit une formation d'officier aspirant.
Saint-Cyr, le 18 avril 1917.
Sœurette,
Hier, ta lettre pleine de tendresse fraternelle, aujourd'hui la lettre aimante de mère : je suis favorisé, aussi je réponds immédiatement. Et je voudrais aussi, si c'était possible, combler par mes lettres un peu plus fréquentes, le vide que fait le manque de nouvelles de notre Grand.
Peut-être, à l'heure actuelle, avez -vous reçu quelques lignes de lui ? Je le souhaite de tout cœur. Je ne serais pas étonné, moi non plus, que les Boches gardent quelques colis. Oui, moi, je suis à l'abri encore pour longtemps, et j'avoue que je n'en suis pas bien fier, alors que les camarades se battent là-bas. Enfin, je me console en songeant que nous arriverons au bon moment.
J'ai l'impression que la bataille engagée en Champagne nous coûte affreusement cher : le 133e a perdu 3 compagnies entières, et par les nouvelles que reçoivent mes camarades de leurs régiments respectifs, il y a de la casse. Du reste, il n'y a qu'à se rendre compte du terrain, des positions formidables qu'on attaque ! On parle d'émeutes assez importantes à Berlin. Si cela était bien vrai ! Si enfin, la crise du "ventre" redonnait une volonté au peuple allemand ! Enfin, nous verrons !
J'attends des nouvelles d'Henri, mais je comprends fort bien qu'il soit très occupé. Je n'ai pas été depuis le jour de mon arrivée à Paris chez Jane Elissabaratz. J'attends la lettre qui me fera signe.
Adieu, sœurette, reçois ma bonne affection de frère.
Émile.
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Écouter la lettre du 18 avril 1917