Laisse-moi d'abord te souhaiter une bonne et heureuse fête, - autant qu'elle pourra l'être du moins.
Depuis le 10 avril, Emile Moureu est à Joinville-le-Pont, élève-aspirant à l'École d'Instruction Militaire des officiers. Ses lettres à sa soeur et à ses parents font le récit de son quotidien militaire et, lors des moments de loisir et de temps libre, de ses visites à Paris et ses environs.
Dimanche soir.
Chère soeur,
J'ai reçu ta lettre hier, et j'y réponds ce soir, au retour de Paris. Laisse-moi d'abord te souhaiter une bonne et heureuse fête, - autant qu'elle pourra l'être du moins. - Je t'ai envoyé deux mots dans la carte de Jeanne Elissabarats, qui arrivera sans aucun doute avant la lettre. Enfin, nous possédons quelques détails sur la vie de notre cher frère, détails tristes, bien tristes, mais il vaut mieux le connaître cependant. C'est ça, écrivez-lui des lettres plutôt gaies, parlez-lui de moi aussi, dites-lui que je n'oublie pas mon aîné et qu'il me tarde de contribuer à sa délivrance.
J'ai reçu une lettre de M. Momas, très intéressante, très affectueuse, et je lui ai répondu immédiatement. De même pour Ferdinand.
Le temps s'avance, l'examen est fixé définitivement au 16, et (cette fois-ci pour de bon) les grandes manoeuvres auront lieu au début de la semaine prochaine. Aussi, je prie papa (ne le taquinez pas trop !) de m'envoyer un supplément avec mon mois, de façon à l'avoir dimanche, car mon porte-monnaie est d'une flasticité anormale, pas béarnais pour 2 sous. Enfin, mes 19 ans ont été bien célébrés. Espérons que l'année prochaine, nous les célèbrerons tous ensemble au son harmonieux du bouchon bondissant de la bouteille, mes ... 20 ans !!!
Écris-moi, soeurette, je t'embrasse. Embrasse pour moi papa, maman, tout le monde, ton frère aimant, Emile.
.
Écouter la lettre du 25 juillet 1915