Où irons-nous en partant d'ici ? Personne n'en sait rien, ...
Revenu le 12 août sur le front de Champagne, Emile n'a plus envoyé de lettres depuis le 30 août, date à laquelle il annonçait une permission possible vers le 4 ou le 5 septembre. La correspondance reprend le 21 septembre : il rentre de permission à Sauveterre... Son régiment a quitté la Champagne pouilleuse où il était encore au début du mois.
Chers aimés,
J'ai retrouvé le régiment au repos, bien à l'arrière. Par conséquent, nous voici pour quelques jours tout-à-fait à l'abri. Où irons-nous en partant d'ici ? Personne n'en sait rien, mais je vous tiendrai au courant le plus rapidement possible.
Je ne veux pas revenir longuement sur ces bons jours écoulés auprès de vous tous : le regret en est encore trop vif en moi ! Le pays par ici est beaucoup plus intéressant. Nous avons quitté enfin les crêtes dénudées et pelées comme un cuir chevelu malade, et nous faisons une cure sur les bords d'une charmante rivière, où j'ai fait trempette autrefois quand j'étais à Joinville.
Quand ma lettre vous parviendra, Henri sera parti, et Anna peut-être rentrée. Donnez-moi des détails, beaucoup, sur vous, sur les camarades, sur tout là-bas enfin.
Adieu, chers aimés, je vous embrasse de tout cœur, Emile.
P.S. : J'ai changé de compagnie, et j'en suis content. 11e Cie, ne mettez plus DD.
Écouter la lettre du 23 septembre 1917